Partir à l'aventure,  Sud Chili

Notre ascension du volcan Villarrica

Dès notre arrivée à Pucón, nous avons été frappés par le nombre d’agences spécialisées en tourisme d’aventure de la ville. Les adeptes de sensations fortes sont bel et bien au paradis ici ! La rue principale, calle O’Higgins, est parsemée d’affiches faisant la promotion de l’ascension du volcan, de rafting, canyoning et autres excursions. 

Nous sommes principalement là pour l’ascension du volcan Villarrica, volcan le plus actif d’Amérique du Sud qui surplombe la ville du haut de ses 2 847 mètres. Sa dernière éruption date de 2015 et si elle n’a duré que quelques minutes, elle était impressionnante. 


La recherche de l’agence


L’ascension du volcan est réservée à ceux ayant recours aux services d’un guide spécialisé ou aux individuels justifiant d’une expérience certifiée en alpinisme. 

Nous entamons donc le tour des dizaines d’agences en faisant quasiment du porte à porte. Le discours est toujours le même car toutes les agences proposent finalement un service similaire. Le prix varie entre 70 000 et 100 000 pesos par personne soit entre 100 et 120 euros. 

Notre choix se porte sur l’agence Patagonia Experience qui sont, selon nous, les plus sympathiques et les plus intéressants.
Nous faisons la connaissance de Danny, jovial vendeur, qui nous explique en détails le déroulement de la journée au lieu de simplement nous faire un brief rapide, nous donner le prix et un prospectus. Il nous parle de l’équipement au complet, nous détaille l’itinéraire et nous dit que le plus important c’est de passer un bon moment, d’aller à notre rythme et profiter. Ça nous plait ! Il nous conseille également d’autres visites touristiques et activités (hors celles proposées par l’agence) et se montre très enthousiaste de notre projet avec le van.

Le prix de l’ascension nous est fixé à 80 000 pesos chacun et on nous propose d’inclure une journée dans des thermes pour 85 000/personne.
Mais, grâce à un bon plan trouvé sur le groupe Facebook des Français au Chili, nous demandons le package négocié par une compatriote pour 95 000 pesos (125 euros) chacun qui inclue l’ascension guidée au volcan, le matériel, le transport, l’entrée au parc national, deux entrées aux thermes de Ménétué et une après-midi de rafting. 

Nous sommes en basse saison donc nous avons la chance de pouvoir choisir notre jour en fonction de la météo, bien qu’elle reste toujours assez imprévisible en altitude. 
Nous fixons l’ascension pour le dimanche 31 mars. 


La préparation de l’ascension


La veille, nous nous rendons à l’agence pour nous inscrire officiellement et remplir plusieurs formulaires dont un précisant nos tailles et poids pour l’équipement et un autre en cas d’accident sur lequel on ne préfère pas s’attarder. On nous dit que le volcan est très surveillé et très tranquille en ce moment, même nos chances de voir de la lave sont maigres à cette période. 

Nous passons la fin de journée à scruter le ciel et les météos en ligne mais tout varie d’un bulletin à l’autre. Je me sens un peu stressée car il s’agit là de ma première expérience d’ascension et je ne suis pas très sportive. Mais je suis enthousiaste et j’ai hâte de voir ce que ce volcan me réserve.
De son côté, Pierre n’est pas du tout nerveux et a même hâte de vivre cette aventure.

Dans une ambiance d’écoliers qui préparent une sortie scolaire, nous organisons soigneusement nos affaires et notre pique-nique. L’agence fournit presque tout le nécessaire mais nous demande d’emporter plusieurs petits sandwichs, des snacks de type barre de céréales, de l’eau, nos lunettes de soleil et de la crème solaire.

21H30, au lit ! Je ne dors pas très bien, des gens viennent par intermittence faire la fiesta sur le parking où nous sommes, le système électrique du van se met à sonner en pleine nuit car nous avons un peu trop vidé les batteries (une première) et je commence à me demander si je vais réellement y arriver.


Le Jour J


5H00 : le réveil sonne. Ça pique ! On se prépare sans trop parler, j’ai le ventre noué. Combien serons-nous dans le groupe ? Vais-je être la plus nulle ? Comment ça se passe, l’ascension d’un volcan ? Et s’il se réveille ?! (très peu probable mais à cette heure-là, tout me passe par la tête).

6h00 : nous avons rendez-vous aux bureaux de Patagonia Experience pour rencontrer notre guide Ricardo et récupérer notre équipement. Nous découvrons alors que ce jour-là, nous ne sommes que deux à monter avec l’agence. Je suis super soulagée ! Pierre n’aura aucun souci à se caler sur mon rythme de tortue et sans me mettre la pression.

L’agence nous fournit les sacs à dos avec à l’intérieur une veste, un pantalon, des guêtres, des chaussures de marche, des crampons pour la partie dans la glace, un piolet, des bâtons de marche, un casque, deux paires de gants, un masque à gaz, un sur-pantalon étanche et une sorte de mini luge en plastique sur laquelle on devra s’asseoir pour la descente. 

6H45 : en route vers le volcan ! Il fait encore nuit mais plusieurs véhicules d’agence nous suivent vers l’entrée du parc national. Nous nous retrouvons ensuite au pied d’un télésiège qui, pour 10 000 pesos, nous permet d’avancer plus rapidement et de gagner une heure de marche et surtout beaucoup d’énergie. Le guide nous le recommande et plusieurs groupes nous suivent. 

Le sommet nous attend !

7H45 : les choses sérieuses commencent, la suite se fera à pied. Le ciel se dévoile peu à peu et le soleil se lève, nous révélant le sommet du volcan face à nous, histoire de bien nous rappeler notre objectif. La vallée est encore cachée par les nuages mais la lumière est magnifique. 

La première partie se passe dans du sable de roche volcanique, ce qui rend la marche plus difficile. Le défi reste pour moi de caler ma respiration et de ne pas m’essouffler. Le guide me donne de bons conseils et avance à mon rythme. Le but est de marcher 30 minutes non stop puis nous faisons une pause puis 30 min, etc jusqu’en haut. L’itinéraire comprend des pauses rapides pour boire un coup, enlever ou mettre une veste et reprendre son souffle mais aussi des pauses plus longues où nous sommes assis et pouvons manger et prendre des photos.

10H15 : nous arrivons au pied du glacier, environ à 2 000 mètres d’altitude. Première pause sandwich et photos. Une mer de nuages s’étend en dessous de nous. Seuls les sommets des volcans alentours (Llaima, Lonquimay, Lanín, Sollipulli) transpercent le voile de coton. La vue est à couper le souffle. Ricardo nous met nos crampons et nous apprend comment marcher dans la glace et se servir de notre piolet en cas de chute. Le sommet reste bien en vue et me donne de la motivation. Derrière nous, trois personnes abandonnent et redescendent vers la base. 

Marcher dans la glace s’avère plus facile que dans la roche. C’est même assez amusant pour moi au début. Par contre, cette étape commence à être plus raide et nous parlons de moins en moins durant les pauses. Quelques guides progressent sans crampons et avec beaucoup d’aisance, il faut dire que certains d’entre eux en sont à plus de 500 ou 1 000 ascensions. À ce niveau, atteindre le sommet c’est comme passer à la caisse de Carrefour ! Mais pour moi, c’est un sacré défi. Pierre, qui me suit, va très bien, pour lui aussi c’est assez simple. Il s’arrête même en route prendre des vidéos et regarder le paysage. Je n’ai malheureusement pas ce luxe et mon champ de vision s’arrête aux empreintes de pas du guide et mon piolet pour rester au maximum concentrée sur ma respiration et mes pas.

La vue pendant la montée est incroyable

12H30 : 2 500 mètres : mes jambes viennent de me dire au revoir. Il faudra poursuivre l’ascension au mental. On termine la partie gelée par un peu d’escalade dans la roche volcanique. Nous ramassons quelques pierres en souvenir. L’ascension est ponctuée des encouragements de Ricardo « Vamos Julie, vamos ». Il sent clairement que ce n’est pas facile et prend mon sac de 6 kilos pour m’alléger sur cette dernière étape. Pour Pierre « todo bien ». 


13H00 : On arrive à notre dernière pause mais je n’ai plus faim. Le sommet est à 30 minutes et nous devons impérativement l’atteindre avant 14h, dernier délai imposé par le parc. 

La toute dernière partie se fera sans les sacs à dos mais avec notre masque à gaz autour du cou. Le vent est un peu plus fort dans cette zone mais nous sommes chanceux car aucun nuage ne gâche la vue en haut. Plus que 15 minutes … 5 minutes … 15 secondes … je relève la tête et j’entends un autre guide me crier « Woop woop ! Estàs en la cumbre ! » Ricardo arrive et nous tape dans les mains et nous prend dans ses bras « Félicitations, vous l’avez fait ! ». 

CUMBRE !

13H30 : Et vlan. La vue du cratère de 200 mètres de large et 700 mètres de profondeur s’offre à nous. La lave n’est pas au rendez-vous mais du gaz s’échappe, heureusement pas excessivement, ce qui nous permet de nous approcher un peu. Le masque à gaz me gêne beaucoup et je le retire par moment, ce que je ne vous recommande pas de faire, car les vapeurs toxiques me font tousser instantanément. Ricardo nous mitraille de photos et il faut déjà faire demi tour. Rester trop longtemps peut être dangereux. 



Nous entamons alors la descente. Beaucoup pourraient penser qu’une fois le sommet atteint, la mission est accomplie. Mais la descente reste physique et il ne faut pas la négliger. Nous retournons au point de notre dernière pause mais le vent et les pierres qui roulent sur mon chemin me font glisser à plusieurs reprises. 

14H00 : De retour vers le glacier, il est temps de sortir notre matériel et surtout notre petite luge ! La partie amusante est arrivée. Des sortes de toboggans sont creusés à même le glacier et nous permettent de faire les pingouins et de glisser sur toute cette zone. Toute cette glace où nous avons mis plusieurs heures à grimper se redescend en quelques minutes et en riant. Le comble ! 

Adventure was up there

Puis retour dans la roche et le sable. Et c’est là que mes jambes que je ne sentais plus sur la dernière étape de la montée se rappellent à mon bon souvenir. Je ne les contrôle plus et elles tremblent toutes seules, me déséquilibrant beaucoup. Descendre dans du sable n’est pas très compliqué, bien que les morceaux de roches puissent être des obstacles, mais avec des jambes qui tremblent c’est la chute assurée. Après 3 fois à finir les fesses par terre, je m’énerve contre moi même (ce qui est inutile) et Ricardo a une nouvelle fois pitié de moi. Il prend à nouveau mon sac et propose d’avancer la voiture de quelques mètres pour m’aider. Nous sommes les derniers à descendre et même si avec du recul je trouve que cela n’a aucune importance, je me suis sentie nulle sur le coup. Quelle chèvre ! 

16H30 : de retour aux bureaux de Patagonia Experience pour rendre le matériel et reprendre nos esprits. Une bonne bière fraiche nous attend et nous débriefons de cette journée avec Ricardo autour d’un apéritif et d’un bon feu. Une excellente façon de terminer cette journée intense et riche en émotions. 

Un apéro bien mérité !

Pour conclure, nous tenons encore à remercier Patagonia Experience pour son service et surtout notre guide Ricardo pour sa gentillesse, sa patience et ses bons conseils. Avoir de la volonté c’est bien, le physique qui suit avec c’est mieux mais avoir aussi un bon guide est indispensable pour une expédition réussie.
Et là, toutes les conditions étaient réunies pour qu’on l’atteigne, ce sommet ! 

10 Comments

  • Hérenguel

    Encore une sacrée tranche de vie, une expérience incroyable… une aventure !
    Vous faites de votre voyage, l’accomplissement d’une partie de vos rêves même si cela peut parfois coûter en investissement…. physique !
    Félicitations !
    Pressée de voir des photos des vues panoramiques qui doivent être incroyables. Que dire du fait d’être arrivés au sommet dans les temps … un peu aussi de chance quant aux conditions climatiques.
    Et moi qui suis fana des roches …
    votre van doit devenir un micro musée !
    Bonne récupération et bonne continuation !
    À bientôt vous relire. Vivre par procuration une nouvelle tranche de vie au cours de votre pérégrination chilienne.

    • Julie

      Coucou ! Encore merci pour tes gentils mots. ❤️
      On profite de chaque occasion pour partir à l’aventure, c’est ce qui nous fait vibrer alors on fonce !
      Tu dois pouvoir voir les vidéos maintenant, je les ai passé sur Youtube donc elles doivent charger plus rapidement.
      Plein de bisous !

      • Avanzini

        Bravo! On vit votre expérience avec vous! Félicitations Julie!
        Une vraie guerrière!
        Ce voyage va te donner tellement plus que de beaux paysages, de belles rencontres et de beaux souvenirs ! Mais ça tu le verras après…je te laisse la surprise!

  • Helene Guillotin

    Quelle aventure ! Tu as eu un sacré courage ! Et tu es arrivée au sommet, tu peux être fière de toi ! J’espère de tout coeur que tu as retrouvé de la confience en toi après une telle ascension ! Bravo ! A Pierre aussi même s’il a des grandes pattes !

    • Julie

      Oui maintenant dès que je dois faire un truc, je me dis « tu es montée au sommet d’un volcan, go ! »
      Merci 😘

  • Laura

    Encore un super article qui nous fait voyager. Merci de partager votre expérience avec nous. On s’y croirait !
    Je suis fière de toi ma Julie, que de courage et n’oublie pas le principal c’est d’aller au bout ♡

  • Likelyyou.com

    Depuis Pucon vous embarquez sur le Chucao pour un court voyage dans le temps d’environ une heure a destination de Villarica, de l’autre cote du lac du meme nom. Cette excursion vous conduit a travers de somptueux paysages. Tout le long du trajet vous appreciez la vue panoramique sur le volcan Villarrica dont le cone parfait culmine a 2 847 m. En chemin vous passez devant l’ ile Allaquillen, ce petit bout de terre semblant sortir de nulle part au milieu des eaux calmes du lac. Enfin vous parvenez a la petite ville traditionnelle de Villarrica avec ses charmantes constructions de bois. Pendant toute la duree du trajet, vous etes accompagne d’un guide professionnel qui vous apporte des explications sur la region et repond a toutes vos questions. Vous amorcez ensuite votre retour vers Pucon par la partie sud du lac.

  • BERGE

    Bravo, quelle belle aventure ! quel courage d’avoir fait cet ascension ! et merci pour le récit , c’est un plaisir de partager en lecture ce moment hors du commun ! ça donne envie de voyager et de se surpasser !

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